OSTOS – Collectif d'ostéopathes

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Ostéopathie et règles douloureuses

Résumé: Cet article à pour but d’expliquer le mécanisme des règles et pourquoi elles peuvent être douloureuses. Il a également pour objectif de démontrer que des traitements divers dont l’ostéopathie sont possibles pour soulager ces douleurs. Enfin, il est à destination des ostéopathes professionnels ou étudiants pour leur donner des pistes de réflexion et de traitements pour la prise en charge des patientes souffrant de ce phénomène qui demeure encore mal compris à ce jour. 


Rappel physiologique des menstruations

Les menstruations ou règles correspondent à la perte de sang mensuelle par voie génitale chez la femme en rapport avec le cycle menstruel. Débutant vers 11-13 ans avec la puberté, elles reviennent de façon cyclique tous les 28 jours et concernent toutes les femmes. Cependant, d’une femme à une autre, ce phénomène se manifeste de manière différente. Chez certaines, il s’agit d’un phénomène pouvant s’accompagner de différents symptômes tels que des lombalgies ou des douleurs abdominales. Cette période dure généralement 3 à 5 jours et correspond à la destruction de la couche interne de l’utérus (muqueuse utérine ou endomètre).

Il existe différentes structures entrant en jeu dans ce  processus:

  • Les ovaires produisent les ovules ainsi que des hormones permettant le développement de l’endomètre (progestérone et œstrogène).
  • Les oestrogènes permettent l’augmentation de l’épaisseur de l’endomètre alors que la progestérone est une hormone qui augmente après l’ovulation permettant de préserver l’endomètre en état pour la nidation.

Ensuite, il existe deux issues :

  • Si il n’y a pas de fécondation, on constate une chute brutale du taux d’hormones et le début des règles.
  • En cas de fécondation, cette chute ne se produit pas car il y a production d’une autre hormone, la bêta-HCG, qui permet de garder la production des hormones susnommées (la bêta-HCG est l’hormone testée dans les prises de sang pour savoir si il y a grossesse et si oui, la dater). 

Il faut savoir que la durée des cycles varie d’une femme à une autre, il peut être court (inférieur ou égal à 21 jours) ou long (supérieur à 35 jours). Certains cycles durent même plus de 56 jours. Un cycle est découpé en deux phases, une première phase dite folliculaire, s’étendant du premier jour (début des règles) au quatorzième jour, et une seconde ,dite lutéale allant jusqu’au premier jour des règles suivantes. Des deux cycles, le second est le plus symptomatique, c’est au cours de ce dernier que l’on peut observer le syndrome prémenstruel.

Au niveau hormonal, nous faisons face à trois complexes, l’hypothalamus qui sécrète la GnRH (ou hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires) qui a pour but de stimuler l’hypophyse qui sécrétera à son tour deux hormones, l’hormone lutéinisante (LH) et l’hormone folliculo-stimulante (FSH)

Sous la dépendance de la FSH, les ovaires produisent des oestrogènes en continu jusqu’à atteindre un seuil pré-ovulatoire. Au-delà de ce seuil, on observe un pic de LH provoquant une augmentation de la tension des liquides permettant l’expulsion de l’ovocyte. De là, deux scénarios sont possibles  : 

  • Fécondation : l’ovocyte devient le corps jaune et permet en association avec la HCG la continuité de production d’œstrogènes et de progestérone.
  • Pas de fécondation et arrêt brutal de sécrétion des hormones, impliquant la contraction des muqueuses provoquant son détachement puis son élimination ainsi que celle de l’ovocyte non fécondé.

Les règles douloureuses

Le terme dysménorrhée désigne les troubles menstruels en général (du grec dus = difficulté) mais on l’utilise communément pour parler des douleurs au bas de l’abdomen qui précèdent ou accompagnent les règles. Elles durent habituellement de 2 à 3 jours.

Les dysménorrhées peuvent être de deux types :

  • Primaire : ce qui signifie qu’elles sont cycliques et associées aux périodes des règles.
  • Secondaire : ce qui signifie qu’elles sont liées à des causes externes et souvent, des pathologies pelviennes.

La prévalence des dysménorrhées est de 50% à 80% selon l’âge et c’est une des premières causes d’absentéisme à l’école et au travail. Par ailleurs, 10% à 15% des femmes déclarent que les douleurs sont assez intenses pour entraver les activités du quotidien. Ces douleurs sont parfois accompagnées de maux de tête, de nausées ou autres symptômes, on parle alors de syndrome prémenstruel.

Les dysménorrhées ont une incidence plus élevée vers la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine mais peuvent continuer et persister jusqu’à la ménopause

Le syndrome prémenstruel résulterait de l’association de plusieurs symptômes comme :

  • la colère.
  • l’impulsivité.
  • l’anxiété.
  • la dépression.
  • l’augmentation de l’irritabilité .

D’autres symptômes sont également constatés comme :

  • des douleurs articulaires.
  • douleurs musculaires.
  • prise de poids.
  • céphalées.
  • douleurs mammaires.
  • douleurs abdominales.

Une pression utérine au repos est de 5 à 15 mmHg et de 50 à 80 mmHg lors de la période de menstruation. Lors de dysménorrhées, cette pression pourrait monter jusqu’a 400 mmHg avec une pression au repos de 80 à 100 mmHg. Cette forte pression des contractions tend à diminuer le débit sanguin du myometre et donc engendrer des ischémies et douleurs ischémiques.

La cause des dysménorrhées primaires n’a pas encore été totalement élucidée mais elle semble être liée aux œstrogènes, à la progestérone et également à la prostaglandine. La prostaglandine est responsable de tout ce qui est lié à la pression utérine. Elle sera pendant le cycle produite par l’utérus. La dysménorrhée primaire serait également liée à la vasoconstriction des artères.

Les œstrogènes et la progestérone ont un rôle tout aussi important dans la présence du syndrome prémenstruel car il a été montré que les symptômes diminuent avec la diminution du taux de ces hormones. 

On constate également des facteurs aggravant dans la prévalence des dysménorrhées, les plus importants étant le tabagisme et le manque d’activité sportive.

Traitement médical préconisé

En cas de dysménorrhée, le corps médical recommande d’avoir recours à une contraception (si la patiente n’en a pas encore), puis si nécessaire, de l’associer à des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) de différents types selon l’efficacité. Le traitement consiste à prendre des AINS sur 3 ou 4 jours par cycle maximum pour pallier aux douleurs. En cas d’inefficacité aux traitements, il est alors suspecté une dysménorrhée secondaire.

Il existe deux types de pilules:

  • Œstroprogestative: pilule combinée car elle est composée de deux hormones (œstrogène et progesterone). Elle bloque l’ovulation et modifie l’endomètre pour empêcher la nidation de l’ovocyte. De plus, elle épaissit la glaire cervicale empêchant le passage des spermatozoïdes à l’entrée de l’utérus. Elle possède un nombre élevé d’effets indésirables et de contre-indications (comme l’insuffisance cardiaque ou hépatique).
  • Microprogestative: composée d’une seule hormone en petite quantité avec deux actions selon sa composition. Soit elle empêche l’ovulation, soit elle empêche le passage des spermatozoïdes. Elle provoque également une atrophie des muqueuses responsables de règles plus abondantes ou même d’une absence de règles. Il existe très peu de contre-indications pour cette pilule.

Les dysménorrhées secondaires exigent une anamnèse détaillée vis-à-vis des circonstances d’apparition de ces dernières.

Le traitement par AINS est efficace de par l’inhibition de la libération de prostaglandines (médiateurs de l’inflammation) permettant un soulagement des douleurs et de certains symptômes comme les céphalées, les nausées, la diarrhée… Le traitement serait efficace de 61% à 100%. La contraception est proposée dans un début de traitement en empêchant l’ovulation et en diminuant les prostaglandines. Cela permet dans 9 cas sur 10 de soulager les femmes atteintes de dysménorrhée. 

Pour au moins 10% des femmes le contraceptif oral et la prise d’AINS ne permettent pas un soulagement des dysménorrhées. Pour certaines, la prise d’un de ces traitements (AINS) est même une contre-indication

Certaines méthodes alternatives ont prouvé leur efficacité. C’est le cas de l’électrostimulation, de l’acupuncture, de l’ostéopathie qui sont efficaces, ou encore des remèdes comme appliquer une bouillotte sur le ventre .

Et en ostéopathie?

Il existe peu d’études en ostéopathie sur le thème des dysménorrhées mais le peu que l’on peut trouver tendent à démontrer l’efficacité des traitements ostéopathiques sur ce phénomène. 

Toutes sont unanimes sur les différentes zones à investiguer. Celles ci sont:

  • La thyroïde, influencée par l’hormone thyréostimulante (TSH) et la  testostérone .
  • Les ovaires, en lien avec la production d’œstrogènes et de progestérone.
  • L’utérus et les ligaments larges d’un point de vue vasculaire direct.
  • Les reins lorsqu’il y a des symptômes de rétention d’eau et le complexe résine-angiotensine.
  • Les glandes lymphoïdes pelviennes en rapport avec les stases lymphatiques.
  • Les glandes surrénales qui sont impactées par les œstrogènes sur la sécrétion de cortisol (hormone du stress).
  • Les glandes mammaires pour les mêmes raisons que les glandes lymphoïdes pelviennes.
  • Les jonctions sacro-iliaques avec les rapports anatomiques du petit bassin.
  • Le complexe C0-C1 et ses rapports avec le nerf vague.

Ces structures sont des zones anatomiques clés mais il ne faut pas oublier le fascia pelvien et le périnée pour tous les aspects neuro-vasculaires. Il serait également pertinent d’investiguer le nerf vague et plus globalement le système parasympathique qui permettrait de contrer les multiples inflammations et provoquer une vasodilatation. Le nerf vague est abordable par les foramens jugulaires, le diaphragme, des viscères et le plexus sacré à investiguer de la même manière que les structures susnommées.

Certains articles ont suivi un protocole de traitement visant à libérer les restrictions de mobilité du diaphragme, des lombaires, aborder des points de Chapman, effectuer une manipulation HVBA sur le sacrum, et libérer les cervicales hautes. Ces articles ont démontré une efficacité des traitements osteopathiques en lien avec les traitements médicamenteux.

Conclusion

Les dysménorrhées sont un phénomène fréquent et encore peu connu qui peut laisser place à énormément se signes associés jusqu’à créer un syndrome. Ce syndrome a diverses causes possible et les étiologies peuvent être variées et différentes d’une femme à une autre en fonction de ses antécédents et de son mode de vie. Divers TTT sont envisageables allant du médicamenteux, efficace, en passant par des TTT alternatifs tel que l’ostéopathie, très efficace également mais encore trop peu connu.

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