OSTOS – Collectif d'ostéopathes

effets neurophysiologiques HVBA

Les effets neurophysiologiques des HVBA

On ne vous apprend rien quand on vous dit que les manipulations vertébrales (MV) sont utilisées par un grand nombre de thérapeutes manuels. La littérature montre des effets bénéfiques des HVBA dans certains cas, toutefois leur grande popularité contraste avec le peu de certitudes qui existent sur leurs effets.

Il existe également certaines croyances autour de ces techniques fondées sur des principes empiriques ou des théories aujourd’hui réfutées (i.e. celles d’Irvin Korr).

On pense connaitre les effets des HVBA

En se baladant sur internet, sur les réseaux, on peut facilement trouver des individus donnant leur avis sur les mécanismes et effets neurophysiologiques des manipulations vertébrales. Certains diront qu’il s’agit d’une influence des ganglions latéro-vertébraux sur le système nerveux autonome (SNA), d’autres diront qu’il s’agit d’une remise à zéro des influx proprioceptifs ou encore qu’une manipulation peut relâcher des muscles du myotome concerné.

Qu’a-t-il pu être objectivé?

Pour y voir un peu plus clair, on vous a résumé les résultats d’une revue systématique publiée dans le Spine Journal en 2019. L’article inclut 18 études (932 participants) qui ont évalué différents paramètres du système nerveux autonome (SNA) : pression artérielle, rythme cardiaque, variabilité de la fréquence cardiaque, saturation en oxygène, diamètre pupillaire, … mais aussi sur lesréflexes spinaux, la proprioception, la nociception et la connectivité cérébrale.

Les effets parasympathiques des HVBA

En ce qui concerne le SNA, l’article rapporte certaines preuves de l’influence des HVBA. Ainsi, une MV des cervicales supérieures aurait tendance à réduire le ratio sympathique-parasympathique (un effet parasympathique). Ceci pourrait s’expliquer par la possible diminution de l’hypertonicité musculaire locale associée aux HVBA pouvant affecter le flux vagal ou par une influence du tronc cérébral d’où émanent les fibres préganglionnaires parasympathiques.

Les effets orthosympathiques des HVBA

Autrement, une manipulation des cervicales basses, des thoraciques supérieures ou des lombaires auront tendance à augmenter ce ratio (donc plutôt un effet sympathique). Les effets escomptés dépendraient ainsi de la localisation de la technique. Cependant les effets sur le SNA ne sont pas constants et d’autres paramètres peuvent faire varier les résultats. De plus, chez les patients hypertendus l’étude n’a pas rapporté de diminution de la tension artérielle.

Les effets sur les réflexes

Concernant les réflexes spinaux les résultats de trois études ont montré une diminution de l’amplitude du réflexe rotulien (via stimulation électrique) et une augmentation de la vélocité du réflexe (via stimulation mécanique) à la suite d’une manipulation du segment lombaire. Au niveau du tronc néanmoins, la MV ne semble pas avoir d’effets sur la proprioception des muscles du tronc bien que chez le chat on ait observé une modification des influx des FNM et OTG.

Les effets sur la connectivité cérébrale

La  seule étude de qualité s’appuyant sur une IRM fonctionnelle n’a pas montré de preuves formelles des effets des HVBA sur la connectivité cérébrale. Les auteurs mentionnent néanmoins une étude dans laquelle les patients ont reçu un traitement personnalisé au niveau lombaire montrant des changements au niveau des régions cérébrales impliquées dans la perception de la douleur en avertissant de les interpréter avec prudence car de trop mauvaise qualité.

Pour conclure

Aucune étude n’a pu faire le lien entre les changements neurophysiologiques et l’intensité de la douleur. Bien sûr, outre les mécanismes neurophysiologiques, des mécanismes biomécaniques et non spécifiques pourraient constituer l’efficacité des manipulations. Néanmoins, pour comprendre les mécanismes de réduction de la douleur par des HVBA, le lien entre les réponses neurophysiologiques aux MV et la réduction de la douleur doit être abordé.


Références

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